Je suis graveuse en taille douce, je travaille à Vincennes au sein des ateliers de l’Openbach.
La nature est ma source. Dans un premier temps, qui correspondait également à celui de ma découverte de la gravure à l’eau forte, j’explorais le monde à travers le règne animal et végétal dans ses moindres détails. Je cherchais à exprimer la beauté des forces créatrices, le prodige des cycles de la vie, la naissance, la métamorphose, la mort, le renouvellement.
Je travaille actuellement sur plusieurs projets en parallèle, à travers lesquels je figure la nature comme un sanctuaire où trouver refuge, où se ressourcer. Dans ce travail intime et introspectif, commencé après le décès de mes parents, les paysages luxuriants qui abritaient insectes et plantes se sont transformés en lieux de réminiscence. À travers la gravure, je cherche à inscrire mes souvenirs dans la matière, à transfigurer la perte en création. Je lie le passé et le présent, je recompose des scènes où la végétation envahissante devient refuge, étreinte, écrin protecteur contre l’oubli. Ainsi, chaque estampe devient une tentative d’apprivoiser le manque, une manière douce de dire adieu sans tout à fait se résoudre à l’absence.
La gravure, par sa lenteur et son exigence, épouse cette quête. Graver, c’est ancrer. C’est refuser l’oubli tout en acceptant la transformation. À travers mes estampes, je crée un sanctuaire où mémoire et imaginaire se rejoignent, transformant le deuil en un acte de présence intemporelle. Mon dessein est de partager cette vision, d’inviter à un voyage à la fois onirique et introspectif, dans lequel la nature devient le langage d’une mémoire vivante et régénératrice.